13.12.09

Les arnaques des Ghats


On vous mène en bateau


5h30, à peine réveillés. C'est à l'aurore qu'il faut faire les Ghats.
On perd un peu de temps à en trouver un à un tarif qui nous semble acceptable. On passe sur les ententes cordiales entre l'hôtel et les rickshaws du coin qui sont le double du tarif officiel... mais bon ici les tarifs officiels ne sont jamais respectés, c'est justement l'objet de notre discussion emmitouflés à l'arrière du rickshaw quand le conducteur nous demande si on prévoit de faire un tour en bateau. Oui / Non!! répond-t-on en même temps. Coup de genou. Non, on pense marcher le long des ghats.
Pas d'autre question.
Juste quelques hochements de tête négatifs de la part de notre conducteur à l'approche des Ghats aux loustics postés en embuscade qui l'interpellent. 3 fois quand même. Ben oui, s'il y a des commissions sur les hôtels, il y en a forcément sur les tours en bateaux!

Question d'orientation :
Il nous dépose à une fourche avec des grands panneaux bleus indiquant les directions des 4 différents ghats.
le principal, celui qu'on prévoit d'aller voir est plutôt sur la droite de la fourche apparemment ... du moins d'après le panneau bleu, c'est dans cette direction qu'on se dirige. Ouh la.... Deux ou trois gus s'empressent de nous montrer un autre panneau comme en ciment avec l'indication du ghat principal sur la gauche...
Réflexe paranoïaque encore de Laurette qui ne voit pas pourquoi on s'empresserait comme ça de nous orienter dans une direction plutôt qu'une autre surtout que les panneaux ne sont pas franchement en harmonie et qui de toute façon aime n'en faire qu'à sa tête: pas question qu'on lui dise où elle doit aller, après quelques mètres dans la direction indiquée par les margoulins de service (on a un peu l'impression de ne pas avoir le choix...) et un début de discussion agrémenté de "tu vois bien que tous les attrapes touristes sont là, c'est encore un truc pour nous pousser à acheter, etc" on traverse l'espèce de square (un grand mot pour l'espace presque vert en question) pour regagner l'autre branche de la fourche, celle initialement visée. On arrive à peu près sans encombre au Ghat.
On revit pour la enième fois le harcèlement des rabatteurs pour bateaux cette fois. "Hello, which country are you from?" "Hé ma'm".
On choisit de maintenir le cap à droite, on marche une heure ou deux. Plus le temps passe, moins on est accostés pour les bateaux mais d'autres prennent la suite avec les coloriages sur le front, les bébés dans les bras, les cartes postales, les teintures, les marchands de soie, les offrandes pour le Gange...

Revenus au point de départ, on se décide à aller explorer la partie de gauche. Ouh la la.... !!! On comprend... impossible de s'arrêter ne serait ce que 3 secondes, on nous saute presque dessus! La seule solution: marcher vite, apparemment ils ont un périmètre! Et quand on voit la fourche de laquelle on a essayé de nous faire arriver, on réalise que c'était plutôt une bonne idée pour s'épargner harcèlement, perte de temps et d'énergie. Peut-être pire ... les mises en gardes sur les pickpockets ne manquent pas!
"Hello Sir! Which country are you from?" - Polska!
Paul répond en polonais... on se dit que ça peut les décourager. Pensez-vous!!!
Un autre "Good morning my friend!"... réponse polie de Paul, début de conversation. Laurette se retourne : le mec tient la main de Paul à la perpendiculaire comme pour lui faire un massage de la paume de main. "No, no, no, game over!" et lui arrache presque des mains un Paulux trop gentil en entendant vaguement au loin quelque chose qui veut dire qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter, pas de problème" Ben non, c'est sûr! Pas de massage, pas de money, pas de problem!


Bon sang de bois!

Un Ghat c'est comme un quai.... des marches qui mènent aux eaux du Ganges dont on dit qu'elles sont sacrées. Et Varanasi est particulièrement connue pour ses Ghats puisque c'est sur ceux-ci qu'on brûle les corps des défunts hindus. Mieux, si vous mourrez à Varanasi, vous allez directement au Nirvana sans passer par la case "Réincarnation".
Après une aube à errer en s'imprégnant de l'atmosphère particulière de cet endroit sacré, des bains dans le Gange pollué (y compris de métaux lourds déversés en amont) nous décidons finalement de nous rendre à l'un des Ghats de crémation.
Pas de photo, nous dit un homme qui se dirige vers nous voyant que je pointe la caméra sans réaliser que nous sommes déjà arrivés à destination. On comprend, on respecte même et remarquant un homme en train de pleurer un défunt, un bûcher en cours de préparation, nous pensons même à nous couvrir d'une pashmina sombre pour camoufler le rouge vif de nos vêtements.
Il nous fait signe de le suivre et nous amène à un autre homme qui travaille là comme volontaire, il commence à nous expliquer le rituel, la religion, les coutumes, les traditions. Nous parle du bois de santal nécessaire pour les odeurs. Nous montre les différents endroits où les corps sont incinérés en fonction de la caste du défunt.Un linge blanc pour couvrir les hommes, rouge pour les femmes. Les corps des Sadhus ne sont pas brûlés mais lestés et jetés directement dans le Gange comme les bébés, les femmes enceintes et les vaches et les cobras, animaux sacrés. Les personnes mortes d'une morsure de cet animal sont considérées au même titre mais posées sur un radeau pour ne pas contaminer le Gange du venin....
Les veuves souvent choisissent (ou l'on choisit pour elles selon les scrupules et la clémence de la famille) de se dépouiller de tout et viennent terminer leurs jours ici dans une extrême pauvreté. Elles se réfugient souvent à l'hospice tout comme des malades et des pauvres, des sans famille. Des gens souvent trop démunis pour financer le bois de santal nécessaire au bûcher.
Beaucoup d'informations dans un bon anglais, on a bien compris à un moment que la donation pour l'hospice était un incontournable pour aider les plus pauvres. On se retrouve en haut d'un bâtiment où l'on reçoit une bénédiction pour nous et nos parents, notre conjoint. Et là évidemment on nous demande quelle est notre participation individuelle pour aider à financer l'achat du bois de santal. Il s'empresse d'ajouter que 10kg de santal (ce qui est nécessaire pour faire brûler un corps) valent 1500 roupies soit le tiers d'un salaire mensuel en moyenne!! Non, non pas moyen, on pensait mettre 100 pour nous deux! C'est ce que donne Paul...surenchère: il faut que chacun mette ... il nous a dit avant... (oui mais on comprend pas toujours tout, si vous voulez,.... On trouve encore 50 dans le fond de nos poches, histoire de donner quelque chose. En sortant, il nous glisse qu'évidemment si on veut lui donner quelque chose à lui pour le temps passé et ses indications,... il a fait de son mieux... c'est sûr et puis ça on s'en doutait....comme en plus c'est assez mérité, les explications étaient détaillées et plutôt claires.... on lui file encore 50. Coût de la plaisanterie; 200 roupies (environ 3 euros). C'est pas énorme pour nous mais en 20mn, c'est un bon rendement horaire!
Dire qu'on n'avait rien demandé!

Nous: 3 - les arnaqueurs indiens: 1
Mince!

1 commentaire:

Unknown a dit…

Super vos aventures ! Ca fait toujours autant plaisir de vous lire et de voir que votre périple se déroule bien.
Amusez vous bien et améliorez un peu votre compteur (minimum 20 - 5 pour les arnaques ;)